Pourquoi je restais bloquée dans mes traumatismes ?

Pendant des années, mes traumatismes m’ont privé d’être pleinement moi-même. Mes seuls moments d’authenticité étaient les moments de noirceur et de dépression. Le reste du temps, le stress post-traumatique me provoquait des réactions émotionnelles surdimensionnées. Le corps toujours en alerte. Les émotions dérégulées. Et le cerveau en surmenage, je m’adaptais sans cesse aux situations même celles qui ne me correspondaient pas. Mais comment je suis restée dans cet état de balancier entre dépression et déséquilibre avec la personne que je suis ?

Tout excuser

Je suis arrivée à l’âge adulte (enfin, disons dans le monde du travail) avec un point d’interrogation sur qui j’étais. Mais aussi sur le monde dans lequel je me trouvais. La façon dont je voyais le monde était influencée par ma façon de fonctionner : hyperempathique. J’excusais toujours les autres pour leurs comportements abusifs. Pour moi, ils/elles avaient toujours une bonne raison de me traiter comme ils/elles le faisaient. Mon cerveau comprenait toujours l’autre, mais ma sensibilité était blessée sans que je n’y prête attention. Et c’est mon système nerveux qui en payait le prix.

Ne pas parler

Lorsque l’on vit une situation traumatisante, le cerveau a tendance à l’enfouir et la mémoire à l’oublier. Le cerveau minimise l’événement pour se protéger. Alors pourquoi en parler si ce n’est rien du tout ? Voilà comment je me suis conditionné à penser que je réglerai tout, toute seule.
Un jour, j’étais bloquée sur un problème au travail et j’en ai parlé à mes collègues. Aussitôt le problème formulé, la situation s’est débloquée sans même que mes collègues n’aient à intervenir. Je me rappelle avoir dit « il suffit d’en parler pour que ça se règle ». Les traumatismes aussi, quand on a identifié la réelle cause de notre malaise, se libèrent grâce à la parole ou à l’écriture.

Tout intellectualiser

Plutôt que d’accepter la tristesse, la colère et toutes les émotions du choc, j’ai tout enfoui. Je n’ai rien écouté. À la place, je « sur-réfléchissais ». Mon cerveau était toujours dans la recherche de sens et de justification sur ce que je vivais. Comme je ne me laissais pas ressentir, mon corps à commencer à parler, avec des maladies de peau et du SPM avant chaque cycle. Je sais que c’était la conséquence directe de mon blocage sur mes traumatismes, car dès que j’en ai pris conscience, tout a disparu.

Le manque de recul sur mon histoire

Quand j’ai réalisé dans quel schéma j’étais bloquée, j’ai aussi rebobiné mon histoire personnelle. J’ai compris que mes traumatismes et situations répétitives vécues à l’âge adulte avaient grandi dans un terreau de base. On ne partage exactement les mêmes expériences d’enfance que personne. C’est pourquoi c’est inutile de s’assimiler aux autres. Prendre du recul sur mon enfance, m’a permis de comprendre mes réactions et de briser ces schémas dans lesquels le traumatisme continuait d’exister.

Longtemps, j’ai essayé de me convaincre que je n’avais pas de traumatisme tout en en ayant vécus. Certains comportements renforçaient mes traumatismes et les perpétuaient dans le temps. Les premiers étapes de ma guérison ont été les suivantes : Prendre conscience que je mérite ma place comme les autres ; discuter de ce que j’avais vécu ; écouter mes émotions au quotidien et enfin, poser un regard sur mon enfance pour désamorcer le jugement que je me portais.

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